Pourquoi la reconnaissance et le soutien doivent dépasser les frontières
Chez V-Europe, nous voyons chaque jour à quel point il peut être complexe et douloureux pour les victimes du terrorisme lorsqu'une attaque a lieu en dehors de leur pays d'origine. Les frontières – en théorie, de simples lignes sur une carte – peuvent rapidement se transformer en murs dans la pratique : des murs de bureaucratie, d'incompréhension et de distance émotionnelle.
Un exemple déchirant est l'histoire d'Erik Dereymaeker et Cinta Fauville, les parents de Maïlys Dereymaeker. Maïlys était une psychologue belge de 31 ans et coordinatrice travaillant pour le Service Immigration (DVZ) au sein du Service Public Fédéral Intérieur de Belgique, soutenant les centres d'asile en Suède. Le 7 avril 2017, sa vie a été tragiquement interrompue lorsqu'un camion a délibérément foncé dans des piétons sur une rue commerçante animée de Stockholm. Loin de chez elle, elle a perdu la vie – et ses parents ont perdu leur fille bien-aimée.
Erik et Cinta sont ce que nous appelons des victimes transfrontalières : des personnes directement impactées par le terrorisme, mais dont le chemin vers la reconnaissance et le soutien devient encore plus difficile simplement parce que l'attaque s'est produite à l'étranger. Leur deuil est universel, mais les défis qu'ils rencontrent ne le sont absolument pas.
Naviguer dans les conséquences d'un tel événement signifie souvent faire face à des procédures longues, juridiquement compliquées et linguistiquement complexes. En Suède, leur dossier a été traité par Trafikskadenämnden, la Commission Suédoise des Accidents de la Circulation. Pendant ce temps, en Belgique, la Commission pour l’Aide Financière aux Victimes ne peut intervenir qu'une fois que toutes les procédures étrangères sont entièrement terminées. Le résultat ? Des années d'attente, d'incertitude et d'interactions répétées avec des systèmes rarement conçus pour des situations comme la leur.
Mais au-delà des démarches administratives et des procédures, la partie la plus difficile est souvent la distance émotionnelle – et le sentiment d'être oublié. Il y a des années, Erik et Cinta avaient été invités à une commémoration en Suède, pour découvrir qu'il n'y avait toujours pas de mémorial physique.
Aujourd'hui, huit ans après l'attentat, cette reconnaissance tant attendue est enfin arrivée.
Ce matin, le 7 avril 2025, V-Europe a accompagné Erik et Cinta à la cérémonie officielle de commémoration à Stockholm, où un monument permanent a été inauguré pour honorer les victimes de l'attaque terroriste de 2017. Ensemble, ils ont déposé des gerbes de fleurs en mémoire de Maïlys et de toutes les personnes touchées. Ce fut un moment de dignité, de silence et de connexion – marquant à la fois la fin d'une longue attente et le début d'un lieu de souvenir durable.
Le mémorial récemment inauguré est une sculpture métallique en forme de couverture, symbolisant la chaleur, la protection et le souvenir. Des poèmes sont gravés le long des coutures de la couverture – des vers issus de différentes voix tissées en une mémoire collective. Plus frappant encore, la couverture est chauffée en permanence, offrant une chaleur réelle et physique lorsqu'on la touche. Elle invite les visiteurs non seulement à se souvenir, mais également à se connecter – par la présence, le toucher et l'émotion.
Mathias Van de Vijver, coordinateur des ressources de V-Europe, était à leurs côtés tout au long de la journée en tant que point de contact de confiance et soutien personnel. Sa présence reflète notre engagement non seulement dans l'assistance légale et administrative, mais également dans l'accompagnement des victimes en tant qu'êtres humains – offrant continuité, empathie et soutien à long terme.
Chez V-Europe, notre rôle va bien au-delà de l'orientation juridique. Nous sommes, avant tout, une organisation centrée sur l'humain. Nous aidons des victimes comme Erik et Cinta à naviguer dans des systèmes inconnus, apportons clarté et sérénité, offrons une oreille attentive et restons présents – pas seulement au début, mais aussi longtemps que nécessaire.
Pourtant, nous ne pouvons pas permettre que les victimes ne dépendent que du soutien individuel et de la bonne volonté.
C'est pourquoi nous continuons à plaider pour :
- Une coordination européenne plus forte dans la reconnaissance et le soutien aux victimes du terrorisme
- Une coopération structurée entre les États membres de l'UE, peu importe où l'attaque a eu lieu
- Un avenir dans lequel les victimes ne doivent pas compter sur la chance ou la persévérance, mais peuvent bénéficier d'une protection et d'un soin cohérents et intégrés
Parce que le terrorisme ne connaît pas de frontières. Et la reconnaissance, la justice et le soutien que méritent les victimes ne devraient jamais s'arrêter à une frontière non plus.
